Co-construire les savoirs autour de la Validation des acquis de l’expérience (VAE)

Lors de son discours introductif à cette journée anniversaire, Sophie Kennel, vice-présidente déléguée à la transformation pédagogique, a souligné l’importance de ces évènements réunissant acteurs du monde académique et socio-économique, pour co-construire ensemble les savoirs. Parmi la centaine de participants, une majorité était praticiens de l’accompagnement : accompagnateurs VAE, conseillers formation, conseillers en évolution professionnel, etc.

Concept d’ « apprenance »

Philippe Carré, professeur à l’Université Paris-Nanterre, qui est intervenu lors de la première conférence, a mis en avant une nouvelle culture de la formation à travers le concept d’ « apprenance ». Celui-ci valorise le rôle de l’individu dans les apprentissages. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de former l’individu, mais pour l’individu d’apprendre.  Apprendre, c’est ce que font les candidats à la VAE, avec le soutien de l’accompagnement, alors même que ce dispositif a une visée certifiante sans qu’elle ne soit formatrice.

Dynamique formative

Réunis pour une table-ronde, enseignants-chercheurs et professionnels ont pu débattre des différents espaces d’apprentissage construits par et pour l’accompagnement à la VAE. Emmanuelle Abraham, chargée d’ingénierie et d’accompagnement au Service de la formation continue (SFC) de l’Unistra, y a présenté les résultats d’une étude menée auprès de 603 anciens candidats à la VAE, mettant en évidence la dynamique formative qu’installe celle-ci : 30 % des répondants ont repris des études après leur VAE.

Emmanuel Triby, professeur émérite à l’Unistra, est revenu sur la thématique des espaces, choisie pour cette journée d’étude et de recherche, expliquant comment ce concept en devenir pourrait apporter un éclairage intéressant sur le parcours apprenant des candidats à la VAE.

Les trois ateliers de l’après-midi ont ouvert le questionnement autour de l’accompagnement à d’autres dispositifs : validation d’acquis buissonniers, bilans de compétences ou encore suivis de parcours par le portfolio et le récit d’activité. Ces ateliers ont souligné combien l’expérience pouvait être (res)source de développement de connaissances et de compétences, et conduire à la prise de conscience de ces acquis.

Emancipation et inquiétude

La dernière conférence, donnée par Martine Morisse, maîtresse de conférences à l’Université Paris 8, a expliqué comment cette prise de conscience, dans le cadre de la VAE pouvait permettre l’émancipation des personnes, notamment à travers une pédagogie du questionnement mise en œuvre dans l’accompagnement.

Les échanges avec les participants tout au long de l’événement ont pointé les inquiétudes du terrain face à la réforme de la VAE initiée par le projet ReVa, dans le cadre de la loi Marché du travail, adoptée le 17 novembre 2022. ReVa entend simplifier le dispositif, notamment en réduisant les délais aux différentes étapes de la démarche. Patrick Mayen, professeur émérite à Agrosup Dijon, missionné pour clore l’événement, a pu, au travers de dessins humoristiques, revenir sur ces changements à venir du dispositif et leurs incidences sur les acteurs.

Rendez-vous à d’ores et déjà été pris pour les 30 ans de la VAE, qui saura sans nulle doute continuer d’innover d’ici là !

Rencontre scientifique co-organisée : Sous la houlette du Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (Lisec) des universités de Strasbourg, de Haute-Alsace et de Lorraine, la journée d’étude était aussi co-organisée par le Centre interuniversitaire de recherche en éducation de Lille (Cirel) de l’Université de Lille, et soutenue par le Service de formation continue (SFC) de l’Université de Strasbourg.